18 juin 2008

La Présidence parle aux Internes :

On t’a trompé. Tu t’es trompé.

MAIS NON MAIS NON L’INTERNAT N’EST PAS MORT
Les Salles de Garde, toute la vérité, rien que la vérité.

   Je te vois venir d’ici ami lecteur,  j’imagine ton air blasé en découvrant un énième article racoleur sur cette lourdeur ancestrale et ô combien vieillotte que sont les salles de garde, entre un texte vantant les mérites de la santé publique et un descriptif détaillé des tenants et aboutissants d’une grève qui nous a permis à tous de profiter des derniers jours de soleil d’octobre, compensant ainsi un été morose.
   Car il faut l’avouer, certains internes considèrent cette institution bicentenaire comme désuète et inutile, paroxysme ultime de la ségrégation sociale, du corporatisme et du féodalisme médical.
 
   Nombre d’internes n’osent même plus pénétrer dans ce lieu de débauche et d’expression carabine, dans la peur spectrale d’une taxe sordide affligée par un grotesque économe orthopédiste, qui voit là un moyen de compenser la petitesse de son appendice et les maltraitances de ses aînés.
Car il faut l’avouer, certains par le passé ont hélas abusé de leur toute puissance au sein de cette démocratie dictatoriale.
   Tous n’ont pas su se montrer digne de la confiance et de l’investissement de leurs administrés.

   Malheureusement, la conjonction d’une gestion maladroite et d’une pression administrative incessante t’ont conduit, pauvre de toi, à te laisser penser qu’il ne s’agissait là que d’un pathétique relent nostalgique, et d’un moyen de te plumer de tes deniers si douloureusement gagnés.

   Ami lecteur, sache le : on t’a trompé. Tu t’es trompé.

   Car il s’agit bien là du dernier héritage de traditions séculaires datant des origines de l’Internat, du temps où IHP avait un autre sens qu’« Insecte Honteusement Payé ».
Il s’agit là du mémorial du temps où nous vivions heureux, confrères et néanmoins amis, négociant en quelques secondes après le café, l’IRM qu’on mettrait normalement 2 mois à obtenir, après s’être misérablement prostitué auprès d’une secrétaire médicale aux pleins pouvoirs.
   En ces lieux où l’accolade est de rigueur, où la convivialité est loi, tu trouves enfin un sens aux innombrables heures passées à l’hôpital.
Et de tes journées terribles et épuisantes, tu ne retiendras que la taxe subie par ton agrégé, enfin sanctionné comme il le mérite, dépourvu l’espace d’un instant de son pompeux titre hospitalo-universitaire.

   Enfin tu peux traduire PUPH par « Pas Utile Pas Habile » sans compromettre ton clinicat.
   Enfin tu peux tutoyer et dénoncer tes aînés sans crainte et sans complexe, avec le soutien de tous et l’approbation économale. N’est ce pas là un délice orgasmique ?
   Enfin tu seras respecté en tant qu’individu, pour tes qualités d’administré, ton langage, ta répartie, et ton savoir-vivre.
   Enfin l’interne a tous les droits, sans restrictions, sans limites, sans compromis. C’est son antre.

   Et puisque ça va mieux en le disant, permets nous de te rappeler ce qu’on t’a tristement fait oublier.
   L’Econome est ton frère, ta sœur.
   Son équipe est ta fratrie, ses administrés ta famille.
   La salle de garde, ton foyer.

   Laisse de côté tes préjugés, oublie tes a priori et tes expériences douloureuses.
   Laisse une chance aux salles de garde de conquérir ton cœur.

   Quitte le self, il ne te mérite pas.
   Rentre à la maison, on n’attend que toi.
 
  A très vite…

                                            Vos dévoués économes Franck Atlan, Sabine Marès
pour le Plaisir des Dieux, Association pour la Sauvegarde des Salles de Garde