Lecture de la lettre du Directeur de l'hôpital du 8 juillet 1900

..."[...] scènes bruyantes et scandaleuses dont la salle de garde des internes en pharmacie de l'hôpital était le théâtre. [...]

...Il n'est pour ainsi dire pas de jour où MM. les internes en pharmacie ne reçoivent à leur table une ou plusieurs filles, parmi lesquelles figurent souvent d'anciennes malades, dont la présence, indépendamment du scandale causé dans la maison, a pour conséquence inévitable un vacarme qui ne saurait être toléré : chants, cris, hurlements, orchestre d'instruments en carton, rien n'y manque. [...]

...M. S., loin de reconnaître ses torts, me soutint que les internes avaient le droit de faire ce que bon leur semblait dans les locaux mis à leur disposition par l'Administration et me menaça grossièrement, « puisque je voulais créer des ennuis aux internes, de m'en créer également et de me faire une guerre à laquelle j'avais tout à perdre. » Cette attitude impertinente me fait regretter l'indulgence dont j'avais jusqu'ici fait preuve à l'égard de ces jeunes gens [...]. »

...[...] Il faut également faire remarquer qu'à l'hôpital Lariboisière les internes en pharmacie n'étant pas logés, la salle de garde doit rester exclusivement destinée à l'interne de service et à l'interne logé dans l'hôpital et qu'en aucun cas elle ne saurait servir à une salle de réception ou de banquet pour les internes qui ne sont pas en service, lesquels n'ont nullement le droit d'y recevoir des personnes mâles ou autres (surtout celles-ci).

...M. le Directeur de l'hôpital devra à l'avenir faire respecter sans faiblesse, par les internes en pharmacie et par les internes en médecine, cette règle nécessaire pour éviter les scandales dont il a été le premier à se plaindre et pour assurer le repos des malades dont il a la garde et la surveillance. [...]

...M. le Directeur [...] est absolument décidé à prendre une mesure d'ordre intérieur dont l'effet ne manquera pas d'ajouter à la sévérité de la répression. [Il] veut parler de la fermeture de la salle de garde de pharmacie ou, pour mieux dire, de l'interdiction de séjour dans ladite dalle pour toute autre personne que l'interne de garde et l'interne logé dans l'établissement. [...]

...M. Dubrisay avoue qu'il trouve bien rigoureux de condamner l'interne de garde à une solitude continuelle. Voilà donc un pauvre garçon qui ne pourra même plus, à l'heure reposante des repas, inviter un ou deux camarades, ce qui est en vérité une distraction bien innocente.

...M. le Directeur déclare rester très ferme dans sa résolution car il estime que le fait pour un élève de prendre une garde est, en même temps qu'un honneur, un devoir auquel on doit se consacrer tout entier, avec d'autant moins de souci du plaisir et de la distraction qu'en somme, cette abdication ne doit pas être de longue durée. [...]"